mardi 27 octobre 2009

Confessions d'un Amoureux






J’étais adossé à ma voiture, et je l’attendais. Je pensais à cette rencontre depuis des jours. Insomniaque comme j’étais, ça m’a aidé à peupler mes nuits. Le temps devint long, ou peut être ainsi je l’ai senti. C’était enfin le moment de vérité. Et là, je l’ai vu, souriante, un peu intimidée ; et y’a de quoi l’être. Elle avait mis pour l’occasion une petite robe noire et des bottines en fourrure marron. Elle était si mignonne, avec les cheveux lâchés et coiffés naturellement. J’avais envie de courir vers elle, la prendre dans mes bras, mais je me suis retenu.
Quand elle arriva face à moi, elle commença à balancer son sac (assorti avec ses chaussures s’il vous plaît) nerveusement. Elle était stressée, mais elle essayait de le cacher, comme d’habitude.
-          Alors, nous voilà enfin, me lança-t-elle avec les yeux tout pétillants. Et t’as mis ma chemise préférée ! J’en suis ravie !
C’était vrai. J’avais mis ma chemise noire à rayures, pas seulement parce qu’elle l’aimait, mais aussi parce que je me sentais bien dedans. Elle cachait à merveille mon gros ventre. Ceci dit, j’ai toujours eu du succès avec les filles, avec ou sans chemise. Ça doit être mon côté intello et cultivé qui les attire. Même moi, je ne sais pas ce qu’elles me trouvent. J’ai toujours été un vrai salopard de première. Mais, pas avec elle
On avait prévu cette entrevue y’a des mois de cela. Chaque fois, on composait un autre scénario, un autre endroit, d’autres circonstances, mais de toutes les manières, on savait que ce sera aujourd’hui.
-          Donc, je suis la première personne que tu vois depuis que tu es là ? me demanda-t-elle en allumant sa cigarette.
-          Oui, bien sûr ! Mon avion a atterri à 18h30, et voilà, le temps que je me change chez moi et je suis là.
Je mentais. Je suis passé voir ma copine, ou vaudrait mieux dire, ma future fiancée ; comme elle m’avait fait une scène au téléphone. Ne vous mettez pas dans tous vos états. Laissez-moi finir et vous comprendrez.
Je savais qu’elle aimait tout ce qui était « chic et classe », donc j’ai opté pour un resto Italien de la banlieue : lumière tamisée, des bougies et des pétales de roses décoraient les tables, de la musique digne d’un Buddha Bar, bref tous les ingrédients étaient réunis pour réussir cette soirée. Notre première.
Tout au long du trajet, elle n’arrêtait pas de parler, comme si elle avait peur que le silence ne s’installe entre nous, et là on devrait passer à l’essentiel ; mais moi, je ne faisais que contempler son visage, ses jambes, qu’elle couvrait avec son sac, ses mains bien entretenues. Parfois, je me tournais vers elle pour lui répondre, et d’autres fois, je la regardais s’affairer à travers le rétroviseur. Parfois aussi, ma main effleurait la sienne quand je devais changer de vitesse. Et c’est tout mon corps qui frétillait au contact de sa peau. Son téléphone n’a pas arrêté de sonner, ça coupait court à mes pensées, et j’étais tenté, maintes fois, de le balancer par la fenêtre, rien que pour l’avoir pour moi tout seul, uniquement à moi. Donc, je me suis retenu encore une fois, après tout, c’était une fille active, et on doit sûrement avoir besoin d’elle, pour l’appeler aussi souvent, même en weekend.
Arrivés au restaurant, je fis mon galant, en lui ouvrant la portière. Elle fut surprise par mon geste.
-          Je ne suis pas un goujat mademoiselle, me moquai-je. Je sais comment doit être traité une lady.
-          Espérons que ce ne soit pas la première et la dernière fois alors !
Et nous rîmes un bon coup. Elle était si bonne vivante, si rayonnante, qu’elle chamboula toute ma vie en un clin d’œil. Elle balaya toutes mes certitudes, tous mes plans… Je commençais enfin à penser à la stabilité, à avoir une vie rangée. Je croyais avoir trouvé la bonne personne, quand elle fit son apparition.
Cela a commencé par une simple discussion à propos de musique, de tout et de rien, jusqu’au jour où j’ai lu un de ses textes, et là, j’étais abasourdi. Je suis tombé sous le charme. Je découvrais les « dessous » de cette personne que j’avais à l’autre bout de mon écran. En fin de compte, elle n’était pas seulement un contact de ma liste de MSN. Pas seulement une fille avec laquelle on s’amuse bien. Elle avait une âme. L’une des plus belles âmes, et les plus intrigantes même.
Je me surpris à chercher ses articles, à dévorer son blog, à penser sans cesse à elle. Je voulais la connaître encore plus. Certains préfèrent se noyer dans des regards, moi c’est dans ses textes que je le faisais. Nos discussions devinrent de plus en plus fréquentes, et plus profondes aussi. C’est là que je compris qu’une âme sœur ça pouvait exister. Elle me comprenait sans que je n’aie rien à dire. Elle connaissait mes faiblesses. Elle savait comment me torturer, sur quel bouton appuyer pour me faire sortir de mes gonds. Et je suis sûr qu’elle le faisait exprès rien que pour voir mes limites. Elle savait m’énerver et après me redonner le sourire, et moi, comme un faible, je craquais.
Accoudée à cette table, elle me parlait de son nouveau projet. Elle était enthousiaste. Elle aimait être entourée, et on le lui rendait bien. Elle était souvent sollicitée pour former des jeunes, les superviser, les aider dans des projets, participer à des colloques, etc. Et moi, j’étais jaloux. Ils avaient la chance de la côtoyer dans la vie de tous les jours, alors que moi, j’étais à des milliers de kilomètres à attendre son retour le soir, rien que pour discuter avec elle quelques minutes, et après m’endormir, la tête pleine de rêves et d’espoirs. D’ailleurs, plusieurs mâles dans ce restaurant n’arrêtaient pas de la regarder ou même de suivre des bribes de notre conversation. Elle les a hypnotisés. Elle m’a hypnotisé.
Il était minuit passé, quand nous décidâmes de reprendre la route. Je lui avais promis une soirée jusqu’au bout de la nuit, donc je roulais sans savoir où j’allais. Je pris la première bretelle d’autoroute et appuyai sur l’accélérateur. Durant le dîner, elle avait bu du vin, ce qui la rendit d’humeur coquine, et elle n’arrêtait pas de me caresser la cuisse, ou passer sa main sur mon torse. Chaque fois qu’elle le faisait, des flammes jaillissaient de mes entrailles.
-          Dis ! S’il n’y avait pas ta copine, tu crois que ça aurait pu marcher entre nous ? Serions-nous ici, en ce moment précis, à se désirer, à se chercher ? Tu te serais rendu compte de mon existence ?
Là, elle me posait une colle. Je ne saurais jamais répondre à cette question. Elle comprit mon hésitation, et détourna la tête vers la vitre. Je ne sus comment changer de sujet, donc je me tus.
Il faisait si noir dehors, et si froid qu’elle commença à grelotter.
-          Tu veux que j’augmente le chauffage ? demandais-je.
-          Non, je préfère qu’on rentre. Allons chez toi, me lança-t-elle en me caressant la main.
J’allumais cigarette sur cigarette. Je ne savais pas ce qu’elle me réservait, et je ne voulais pas la bousculer. Je rêvais de notre premier câlin, notre premier baiser, long et passionné, ou peut être ce sera tendre et affectueux, et là, je le lui dirais. Je lui dirais plein de mots d’amour. Tout ce que je n’ai pas pu lui dire durant ces derniers mois, tout ce qu’elle m’a interdit de prononcer. Et puis, ... Et puis, je ne sais pas. Faudrait que j’arrête de supposer.

3 commentaires:

  1. cet amoureux n'a pas encore terminer sa confession, il faut qu'il revienne pour nous raconter la suite de leur première soirée, notant que tout au long de sa confession il n'a jamais dit qu'il l'aimai.

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  2. T'es gourmande toi :p
    mais la suite est déjà posté chère Illusions !

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  3. La galanterie pour un homme est de TOUJOURS entrer le premier dans un restaurant lorsqu'il est accompagné d'une dame, ne JAMAIS entrer après elle, car selon les règles de savoir vivre, c'est à l'homme de réserver et donc d'entrer en premier :p (je n'ai évidemment pas retenu que ce détail dans ton récit, c'était juste histoire de t'embêter un peu...)

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