lundi 31 août 2009

[Episode 2] Et Si...


Quelques mois plus tôt…

- Il faut vraiment qu’elle vienne avec nous?

- ouiiiiii! j’ai promis à Aicha qu’on allait passer les prendre, elle et sa copine, donc arrète de tirer la gueule. Lilia est une fille sympa et tu ne vas pas le regretter.

- sympa ??? dis plutôt une vipère qui n’a pas sa langue dans sa poche, et qui ne manque pas une occasion de rabaisser les autres... elle, avec son air de m’as-tu-vu, et sa façon de dire « hé ho, j’en ai dans la tète » me tapent sur le système !

- ouh la la ! je savais pas que vous vous connaissiez avant !

- non, je ne la connais pas. Enfin de vue. C’est une très bonne amie à Mourad, et d’ailleurs elle fait partie de sa bande. C’est comme ça que j’ai une idée sur ce qu’elle est.

- Bon, si tu veux, même si au fond, je ne suis pas très convaincu par ce que tu dis. Mais s’il te plait, fais un effort ce soir… Pour moi. Je t’offre un verre si t’accepte.

- Rami, je crois que tu me devras plus que ça !


Quarante cinq minutes après, ils étaient en bas de chez Lilia à l’attendre. Quand elle débarqua comme une folle, ouvrit brusquement la porte de la Golf et s’installa en arrière. Tarek était fou furieux contre cette entrée fracassante, mais préféra garder tout pour lui.

- Désolée, je suis sincèrement désolée ! je vous ai fait attendre !! j’ai eu un imprévu et j’ai dû me préparer en 15mn chrono.

- oh, ça ne fait rien ma chérie. Tant que tu as pu te libérer!

- Merci Aicha pour l’invitation. Et merci les garçons d’être passé me prendre !


Ils étaient plongés dans une conversation assez mouvementée. Cette fille est une boule d’énergie. Elle chamboula le calme qui régnait dans la voiture. Tarek se mit à regarder Lilia à travers le rétroviseur. C’est la première fois qu’il la voyait de si près, et il doit avouer qu’elle avait un beau visage, une peau satinée, un regard perçant. Et bien qu’elle avait de fines lèvres, le gloss redonnait à sa bouche un effet pulpeux à la Marylin Monroe.

Il se surprit entrain de penser à elle, de la désirer, alors que y’a moins d’une heure, elle représentait tout ce qu’il détestait chez une fille.

Arrivés au restaurant, ils s’installèrent au bar, en attendant qu’on vienne les amener à leur table. Et c’est là qu’il put avoir une vue d’ensemble sur elle. Elle était vêtue d’une fine robe noire qui camouflait ses rondeurs (il aurait préféré une robe ajustée, qui mettrait plus en valeur son corps). Elle avait mis des sandales argentées à talons hauts qui allaient avec son sac. Il doit avouer qu’elle avait du goût de ce coté-là.

Le dîner se déroula à merveille, et quand fut venu l’heure de rentrer, Aicha proposa qu’ils aillent prendre des verres au Dulce Barrio avant de rentrer. Tout le monde s’enthousiasma pour cette idée. Tarek lança un regard curieux en la direction de Lilia, et là, elle lui souri. Alors, il détourna rapidement le regard.


- Eh bein ! y’a toute la cavalerie ici… Oui salut toi, ça va ? salut toi aussi... oui appelle moi et on verra pour ton histoire… Regarde y’a même ton machin chouette. D’ailleurs je ne sais pas ce que tu lui trouve. Oui merci ça va à merveille !

- c’est mes affaires. Il faut trouver de quoi passer le temps, en plus, je ne suis pas aussi "responsable" que toi de m’engager avec une seule fille, sans goûter aux plaisirs de la vie. Mais promis juré je ne vais pas te sortir le passage d’Al Pacino dans l’Avocat du Diable !!

- tu la trouve comment Lilia ?

Mais avant de répondre, Tarek se faufila retrouver ses autres « amis ».


L’ambiance était de folie ce soir-là. Tout le monde était déchaîné sur la piste, et même dans les recoins sombres de la boîte.

Lilia prit son verre de whiskey et s’installa au bar. On vint l’aborder à plusieurs reprises, mais elle déclina toutes les invitations. Elle n’était pas là ni pour draguer ni pour se faire draguer. Elle voulait juste boire un verre et danser. Elle jeta un regard autour d’elle et elle le vit. La jeune femme qui l’accompagnait lui tenait la main. Elle lui faisait du charme, lui caressait la nuque, tout en se rapprochant de lui le plus possible. Elle a les mains baladeuses cette fille !, se disait-elle.

La musique était de plus en plus forte, et elle se sentit envahir par l’énergie de ses corps autour d’elle. Toute cette chaleur, toute cette tension qu’elle a ressenti au long de la soirée, il était temps qu’elle s’en débarrasse. Elle parcourut la foule et se dirigea vers la piste. Elle s’installa au milieu et s’abandonna à cette vague de sensations qui lui enveloppaient le corps. Elle se trémoussait sur la piste, et tous les regards étaient tournés vers elle, des regards d’admiration, et d’autres d’envie.


à suivre...

dimanche 30 août 2009

La Médina, mon Amour!


J’ai 23 ans. Je suis Tunisoise. Bien que je vienne d’une famille très pointue concernant les traditions et us tunisois, mes parents essayèrent de nous inculquer, à mon frère et moi, cet esprit de respect de l’autre, quel que soit sa région d’origine (j’insiste bien sur région et non pays), sa religion, son sexe, etc.

J’ai toujours eu des amis de différents milieux sociaux, je m’entends à merveille avec tout le monde (je dois avouer que j’évite ceux avec qui je risque de « clasher »). Mais ce soir, je me retrouve entrain de dénigrer cette différence ! OUI ! Moi, la fille la plus « open » comme m’appelle mon entourage. Et je vais vous expliquer le pourquoi du comment.

J’ai été conviée aux fiançailles de mon cousin. J’étais très heureuse pour lui, car d’après ce que j’ai entendu, ils étaient ensemble depuis neuf ans !! En plus, la cérémonie aura lieu dans la maison de son grand-père à elle dans l’ancienne Médina. Et là, je m’exalte. Pour moi, la Médina est synonyme de classe, de tradition et de rustique. La Médina est le berceau de mon enfance, et j’ai toujours rêvé de racheter la maison de mes ancêtres, de la restaurer et pourquoi pas y habiter. Donc, c’était un bon point pour la fille.

En route, je me disais que cette fille doit être du genre artiste, à aimer l’originalité, puisqu’elle est tombée comme moi dans la marmite étant petite. Bon je ne vais pas vous faire un dessin de l’accueil auquel on a eu droit. Dés que je fis le premier pas à l’intérieur de la maison, j’ai plongé dans une autre dimension.

En premier lieu, je me sentis comme une touriste assistant à un festival de musique bédouine. Tout le monde bougeait dans tous les sens, les filles s’emballaient sur la minuscule piste de dance, une horde de mecs qui étaient là, mais qui ne savaient pas quoi faire, donc ils ont préféré scruter ces nouvelles tètes venus d’ailleurs, des marmots qui s’accrochaient aux rideaux et aux jupes des invitées ; bref, c’était un chaos total. Pour me consoler, je levai la tète pour « admirer » les fresques et l’architecture de la maisonnée, et j’aurais vraiment du me contenter du spectacle qu’offrait le DJ et la "très bonne" musique avec laquelle il comptait enivrer les spectateurs.

Vous allez penser quelle fille superficielle je suis, mais détrompez vous ! Ceci-dit, on va dire que le manque de tact avec lequel on a été accueilli m’a mis en colère, aussi contre l’insolence et le non-respect de cette forme d’art par les nouveaux venus à Tunis : Les chambres étaient mal entretenues, la peinture sur les murs datait de l’avant indépendance, les dessins en céramique étaient à peine reconnaissable, le parterre décollé à plusieurs endroits, etc. Et c’est là aussi que le démon qui était sensé être inexistant se mit à me titiller l’esprit. Chaque fois qu’on me piétinait le pied (et surtout mes nouvelles chaussures vernis) sans s’excuser, je l’entendais maudire cette soirée. Chaque fois que la grosse fille en rouge m’effleurait le chignon avec son éventail, je ressentais le besoin de me retourner et de lui tirer les cheveux.

J’étais jalouse de ces gens qui avaient un trésor entre les mains, et qui ne s’en rendait même pas compte. Je les enviais parce que mes ancêtres furent obligés de quitter les maisons dans lesquels ils sont nés au profit d’étrangers, qui ne savent guère prendre soin de ce patrimoine arabo-musulman. Mais est-ce vraiment leur faute d’être ignorants ?? Est-ce qu’ils ont choisi d’habiter la Médina ? Je ne sais pas.

PS : rabbi yhannihom w nchallah badw b tmém :)

lundi 24 août 2009

L’Autre, c’est moi ©


Ça vire à l’obsession ! Ai-je grossis ? Ai-je maigris ? Tu crois que ça va lui plaire ? Elle kiffera ma nouvelle chemise ? ou regarde ce boxer qui dépasse, c’est de la balle !

Ces scènes de toutes les couleurs, j’en ai eu ma dose aujourd’hui. Des ados qui piquent une crise avant de sortir parce qu’un bouton a pointé le nez, des filles désespérées, à la quête d’un petit ami potentiel et qui veulent ressembler à ces filles retouchées des magazines ; des pseudo-snobs, des pseudo-chics, des pseudo-femmes. Même les mecs, en qui j’avais trouvé des alliés autrefois, adhèrent à ce mouvement : « il sent bon mon nouveau parfum ? Regarde mes lunettes, j’en ferais tomber plus d’une avec ça. » Tous ces petits êtres récemment sortis de l’enfance et qui se baladent comme des paons, jouent de leurs corps comme joue la testostérone de leur égo. Les filles avec leurs cheveux bien coiffés, tirés à quatre épingles, se trémoussant sur le dernier tube de l’été, et les Mâles bombant le torse, avec les nouvelles paires de Ray*** ou Pol***.

Est-ce si important d’en faire des tonnes, rien que pour plaire à l’autre ?

Je serais hypocrite si je disais que les apparences m’importent peu. Y’a quelques années, j’étais pareil. Oui, j’ai grandi ! Je n’arrive pas à le croire, mais j’ai vraiment grandi. Je me surprends à regarder ces adolescents avec tendresse et compassion, comme si je leur disais : « moi aussi j’ai eu votre âge et je sais ce qui trotte dans vos petites têtes blondes. »

Si quelqu’un m’entendait parler ainsi aurait pensé que je suis une trentenaire aigrie, blasée par la vie, mais malheureusement pour vous, les filles, je suis encore au début de ma vingtaine, et on peut dire que la nature m’a gâté (un peu trop à certains endroits certes), mais je ne me plains de rien.

Moi aussi quand je passe devant un miroir, je me regarde, mais à la différence des autres, moi je m’habille pour moi-même, pour me plaire à moi. (Et ça me fait plaisir qu’on me complimente pour mon choix vestimentaire, mais ça s’arrête là). Les autres, quand ils se regardent dans un miroir, ils prennent des poses à la Marylin Monroe, font la moue, s’adressent la parole, etc. Moi, par contre, je suis adepte des grimaces et toute autre singerie. Cela a l’air ridicule, mais voilà, vous savez tous ce que je fais face à mon miroir !

Le miroir, l’autre, ça ne me fait pas peur à moi!


Spéciale dédicace à ceux qui se cherchent encore dans le regard des autres.


mercredi 19 août 2009

[Episode 1] Et Si...





Il prit les clés de sa voiture, mit son manteau en tweed marronné et se pressa de s’assoir derrière le volant de sa Jetta noire corbeau. Il était 3h du matin. Tout le monde dormait à poings fermés à cette heure-ci. On était en début d’hiver, mais il faisait un froid glacial, comme si cette nuit-là, la nature a décidé de se déchainer pour l’empêcher de sortir. Mais il était décidé !

Il prit la première bretelle et s’engagea sur l’autoroute. Il appuya sur son lecteur CD et d’un geste énervé alluma une cigarette. Il tomba sur sa chanson à elle ; leur chanson.

“ Like waves to the shore
part of the ocean
the stars high above
part of the sky”

Il regarda à travers le rétroviseur. Une voiture voulait doubler. Et comme d’habitude, il la laissa pas. Il appuya sur l’accélérateur, et quand il perdit de vue ses phares, reprit sa vitesse normale. Bien que normale pour lui, ça signifiait rouler à 100km/h.

Il prit un grand souffle et se sentit envahir par une sensation bizarre. Il sentait cette boule au ventre, cette peur, ce stress de la veille d’un examen, cette envie aussi de tout laisser tomber et de rebrousser chemin.

“Now I drift to you
I dream of a river
a water so blue
wish I could live there”

Il doit arriver avant qu’elle ne se réveille, se disait-il. Il l’attendra en bas de son immeuble, et quand il verra une lumière s’allumer dans son appart, il montera la joindre. Mais avant, il passera acheter des croissants chauds ; il choisira ceux au miel, elle en raffole.

“wish you were here…”

Venir comme ça à l’improviste, quel connerie ! Un coup de fil et un rendez-vous en fin d’après midi aurait fait l’affaire. Alors, pour se pardonner, il prendra aussi du café et surtout une fleur pour couronner le tout. Et pourquoi une fleur ?? Il lui prendra tout un bouquet de fleur de lys. Elle aimait les fleurs blanches…elle disait que c’était un symbole de pureté et de majesté.

“Like the air that I breathe
you'll always be there
the wings that I need
when I wanna fly”

Il regarda l’afficheur sur le tableau de bord. Il était déjà 4h du matin et il ne s’est même pas rendu compte qu’il avait roulé pendant une heure!!! Ce titre n’a pas arrêté de tourner pendant tout ce temps, et il ne s’en est pas aperçu. Il lança un regard sur le siège passager, un regard doux, amer et se pencha sur la boite à gant pour en sortir une écharpe en soie, bleu turquoise. Il la prit dans sa main puis la rapprocha de son visage ? il sentit l’odeur de son parfum : un parfum sucré, assez fruité aussi, une odeur qui ne lui irait qu’à elle et seulement à elle.

“Now I drift to you
I dream of a river
a water so blue
wish I could live there”

Le ciel était sombre, tout comme le paysage qui l’entourait. Il se sentait comme dans un de ses films de science-fiction, juste avant le kidnapping par les aliens. Il souria à cette idée saugrenue qui venait de lui traverser l’esprit. Même dans ces moments-là, il savait rire de lui-même.

Quelques gouttelettes de pluie vinrent se poser contre son pare-brise, et puis ce fut des gouttes d’eau bien grosses qui se précipitèrent devant lui. Sa vision devenait limitée et il arrivait à peine à distinguer la route devant lui. Ça devenait même glissant, mais heureusement qu’il pouvait compter sur sa voiture. Ils avaient choisi le modèle ensemble, la couleur, le salon en cuir, tout.

Une lumière s’alluma juste devant lui… une lumière assez forte qui l’éblouit pendant un moment, mais il s’accrocha au volant en tenant bien fermement le foulard en soie.

Il est 4H29…

“wish you were here*…”


* Bliss – Wish you Were here (album : Quiet Letters)


mardi 18 août 2009

Le Terminal


Je suis là, enfin… Là où j’ai tant voulu être… Au beau milieu du croisement de ma vie… Oui ! MA vie !!

Je regarde cette horde de gens éparpillés par-ci et par-là… certains se préparent à embarquer, d’autres viennent d’atterrir… Là, dans ce terminal, des rêves s’achèvent alors que d’autres commencent… et me voilà moi !!! Avec cette grosse valise contenant tous mes souvenirs, mon passé, mes espoirs, mes défis et mes craintes… Oh combien j’aurais aimé la laisser là, derrière moi, prendre un nouveau départ, oublier mes déboires, mes secrets,…

Je n’ai jamais été le genre de fille à pleurer sur son sort ni se lamenter ; et pourtant… j’avais besoin de ce nouveau départ pour…pour…. Euh pour… pourquoi faire au fait ? Je ne sais pas pourquoi vraiment… Parfois, je me dis que je dois penser à mon avenir, à ma propre indépendance… je veux être ce moi que je regarde dans le miroir tous les jours… Vous allez vous demander : est-ce nécessaire de partir pour se trouver ? Dans mon cas, je confirme.

Etant gamine, j’ai toujours aimé les aéroports. Ce rêve d’enfant de voler, c’était ici qu’il s’accomplissait. Chaque jour, sur le chemin du retour, j’étais collée à la vitre de notre voiture, regardant cette piste où des avions gigantesques s’apprêtaient à décoller. J’avais le cœur qui battait la chamade en entendant les bruits de moteurs, qui, même assourdissants, pour moi, c’était la mélodie du bonheur !!

Un jeune homme trébuche sur ma valise, et il me lance un regard des plus pétrifiants que je n’ai jamais vu… « Ne pars pas », me lança-t-il. « On a besoin de toi ici… y’en a qui comptent sur toi» ; Et il désigna du doigt deux ombres que j’arrivais à peine à percevoir dans cette foule. Je me retourne pour demander qui ils étaient, mais le bonhomme avait disparu. Je veux m’avancer, mais j’étais comme paralysée. Je ne sais pas si je dois laisser mes affaires et m’avancer vers ses inconnus ou rester là et attendre que la foule devant moi se disperse.

Et là, tout à coup, tout devient silencieux. J’entends mon réveil qui retentit au loin pour me dire que c’est l’heure. L’heure de quoi ? Je ne sais pas non plus. C’était un rêve, rien qu’un rêve, un sacré rêve!