vendredi 30 octobre 2009

Trois Filles au Vent !


Elles étaient trois filles. Chacune son style. Chacune son caractère. B. était la plus âgée de quelques mois, plutôt mince et métisse, des cheveux longs bouclés, avec un corps de sportive, une droguée du sport même. Rien que de penser à rater un de ses cours de boxe, elle en était malade. Assez difficile de caractère quand même. S. était la plus jeune des trois. Elle était très fleur bleue, qui se cachait derrière une carapace, et suffisait de lui montrer un minimum d’affection pour la gagner de son côté, une dépendante affective. Elle donnait plus qu’elle en recevait en fait. Elle était brune, avec un regard assez vif et brillant à en faire pâlir plus d’un. Et enfin, I., la maman-poule, qui se la jouait la sage des trois. Elle n’arrêtait pas de les taquiner sur ses origines espagnoles. Elle avait un teint clair, qui lui valut le surnom de « blonde » (qui la mettait souvent en rogne). Pas très expressive comme fille.

Elles avaient le même âge, le même parcours universitaire. D’ailleurs, elles se sont rencontrées à la fac, et comme bon nombre d’amitiés, au départ, ce ne fut pas le coup de foudre. Pour deux d’entre elles, B. et S., leur amitié commença en 2e année de prépa de lettres, et plus exactement dans les toilettes de cette dernière. Un rendez-vous quotidien pour pleurer sur leur sort et se plaindre. C’était un simple hasard qu’elles se retrouvaient le matin pour se refaire une beauté avant d’attaquer la journée, ou à la fin des cours, pour avoir bonne mine dans le train ou métro, au cas où on tomberait sur un beau gosse. Et puis, elles se présentèrent leur cercle d’amis respectifs, et puis les cercles éclatèrent (comme la plupart des amitiés empoisonnées entre filles), et elles se retrouvèrent à se partager leurs soucis du quotidien, à avoir des discussions dignes d’intérêt, de parler de la vie, des hommes, à essuyer les déboires au quotidien.

I. ne vint qu’un an après, n’empêche qu’elle adressait à peine la parole aux filles. Elle était leur camarade de classe point barre. Même les « bonjour » se faisaient rares. Elle a préféré s’effacer. Et c’était légitime. Elle venait d’une autre fac, et cette école d’élite ne lui plaisait guère. Ses parents l’avaient forcé à passer le concours d’entrée à cette école (que je ne nommerais pas, pour ne pas faire de pub). Elle croyait l’avoir raté, mais finalement elle a arraché sa place. Elle était habituée à traîner avec les garçons, mais elle se retrouva avec une classe de vingt six filles et seulement deux mecs, et pas n’importe quels mecs s’il vous plaît, mais le genre qui refusent de saluer une fille, et qui pensent que la meilleure place de la femme est la cuisine. (On va sauter le passage où ses résultats scolaires s’en font ressentir et elle fait sa première dépression, et espérons la dernière).

A la fin de cette année, elles partirent en stage de deux semaines dans une ville côtière, et comme le destin voulait les réunir à tout prix, il a fait en sorte de mettre toutes les conditions de leurs côtés. En y pensant sérieusement, si on avait changé un seul détail, rien qu’un seul, elles n’en seraient pas là. Ces deux semaines furent une révélation, leur destin commun fut scellé à jamais. Plus jamais aucune autre amitié ne sera aussi forte, aussi soudée, aussi passionnée. Malgré leurs différences tellement flagrantes, elles s’entendirent à merveille. Elles avaient la même vision de la vie, la même vision de l’amitié, la même vision du monde, etc. et c’est ce qui importait. Depuis ce jour-là, chaque 1er Août avait une signification particulière pour elles. Le début de leur règne.

Vous allez me dire que cette amitié ne tiendra pas avec le temps ? Bah détrompez-vous ! On avait essayé maintes fois de les détruire, de détruire leur espoir, leurs ambitions, mais ça n’aboutissait pas. Des jaloux, y’en avait sûrement. Des pseudo-sages croyaient bon de les séparer car elles exerçaient soi-disant mauvaise influence l’une sur l’autre. Leur environnement était certes d’élite, mais les mentalités de certains dataient encore de la Préhistoire. Des rumeurs commençaient à s’entendre à chaque fois qu’elles passaient. Tout simplement, parce qu’elles étaient en paix avec elles-mêmes. Elles ne faisaient pas semblant. Elles étaient pleines de vie, et ne cachaient pas leurs joies, ni leurs peines. Elles s’épaulaient dans les moments difficiles (et combien elles en vécurent, apparemment c’est l’âge pour ça), et elles savaient exactement de quoi avait besoin l’une ou l’autre pour la soulager.

Je n'ai pas encore tout dit à leur sujet, mais aujourd’hui, je ne vais pas parler de leurs aventures ni de leurs vies respectives, tout simplement car elles ont encore beaucoup à apprendre de la vie, donc peut être qu’on y reviendra d’ici quelques années pour en reparler comme des souvenirs, bons ou mauvais, mais ils resteront des souvenirs chers à leurs cœurs, leurs cœurs de femmes-filles.

PS:

Je voulais vous dire un petit merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. Vous comptez énormément à mes yeux, et je croise les doigts pour que ça dure, mes admiratrices secrètes.

mardi 27 octobre 2009

Confessions d'un Amoureux (Suite et fin)





- Tu veux boire quelque chose ? un verre d’eau peut être ? ou un café ? lui demandais-je une fois dans le salon.
- Un truc fort s’il te plaît. Un whiskey par exemple.
Je la laissais regarder les tableaux accrochés sur le mur du couloir, pendant que moi je l’observais de loin. Elle se mettait sur la pointe des pieds pour regarder des portraits auxquels moi je ne faisais plus guère attention. En faisant cela, je voyais le haut de ses cuisses, des cuisses bien galbées, bien pulpeuses. Des cuisses de femme.
Elle prit son verre de sur la table, puis vint s’assoir sur mes genoux, face à moi. Elle trempa son doigt dans le whiskey, puis le passa sur mes lèvres. Je m’avançais pour l’embrasser, mais elle m’arrêta. Un halo de vanille vint me titiller les narines. Elle but encore une autre gorgée, déposa son verre sur la table, avant de me prendre la tête entre ses deux mains et m’embrasser goulûment. L’effet de surprise me fit perdre tous mes moyens. J’étais en transe, je ne sentais plus mes bras, tellement je l’enlaçais fortement. J’avais peur que ce ne soit qu’un rêve, ou le fruit d’une de mes beuveries.

J’ouvris les yeux tout doucement. Il me fallut quelques secondes pour me rappeler des évènements de la veille. Je me retournais pour l’enlacer, mais je ne trouvais que les draps. Je sentis les battements de mon cœur s’accélérer. J’étais pris de panique, quand j’entendis le bruit du jet d’eau de la douche. Ce fut le soulagement total. Je refermais les yeux, en attendant que son corps tout mouillé vienne se blottir contre moi. Je repensais à ces je t’aime qu’on s’était dit, ces murmures, ces embrassades, ce corps-à-corps, cette soif de l’autre,…
Je crois que je me suis rendormi un peu, et quand je me suis finalement levé, la salle de bain était déserte. Je cherchais des yeux une trace de sa présence, mais je fus estomaquée par la propreté et le rangement qu’elle a fait. Tout brillait comme si personne n’y a encore mis le pied. Je tournais en rond sur moi-même. Peut-être qu’elle est partie nous acheter des croissants ? pensais-je. Je me dirigeais alors vers la cuisine pour nous préparer du café, bien fort, quand mon téléphone sonna. Ça doit être un message.
« Merci pour cette nuit. Je t’aime, mais la distance tuera notre histoire. Bonne chance. »
Je tapais frénétiquement :
« Le grand amour, c’est quand il n'y a plus de distance, quand on n'a même plus besoin de poser une question, parce que la réponse est déjà en soi et en l'autre. »*
Et j’attendis sa réponse… Une réponse qui tardait à venir…

*Victor-Lévy Beaulieu, Extrait de L'héritage (L'automne)


Confessions d'un Amoureux






J’étais adossé à ma voiture, et je l’attendais. Je pensais à cette rencontre depuis des jours. Insomniaque comme j’étais, ça m’a aidé à peupler mes nuits. Le temps devint long, ou peut être ainsi je l’ai senti. C’était enfin le moment de vérité. Et là, je l’ai vu, souriante, un peu intimidée ; et y’a de quoi l’être. Elle avait mis pour l’occasion une petite robe noire et des bottines en fourrure marron. Elle était si mignonne, avec les cheveux lâchés et coiffés naturellement. J’avais envie de courir vers elle, la prendre dans mes bras, mais je me suis retenu.
Quand elle arriva face à moi, elle commença à balancer son sac (assorti avec ses chaussures s’il vous plaît) nerveusement. Elle était stressée, mais elle essayait de le cacher, comme d’habitude.
-          Alors, nous voilà enfin, me lança-t-elle avec les yeux tout pétillants. Et t’as mis ma chemise préférée ! J’en suis ravie !
C’était vrai. J’avais mis ma chemise noire à rayures, pas seulement parce qu’elle l’aimait, mais aussi parce que je me sentais bien dedans. Elle cachait à merveille mon gros ventre. Ceci dit, j’ai toujours eu du succès avec les filles, avec ou sans chemise. Ça doit être mon côté intello et cultivé qui les attire. Même moi, je ne sais pas ce qu’elles me trouvent. J’ai toujours été un vrai salopard de première. Mais, pas avec elle
On avait prévu cette entrevue y’a des mois de cela. Chaque fois, on composait un autre scénario, un autre endroit, d’autres circonstances, mais de toutes les manières, on savait que ce sera aujourd’hui.
-          Donc, je suis la première personne que tu vois depuis que tu es là ? me demanda-t-elle en allumant sa cigarette.
-          Oui, bien sûr ! Mon avion a atterri à 18h30, et voilà, le temps que je me change chez moi et je suis là.
Je mentais. Je suis passé voir ma copine, ou vaudrait mieux dire, ma future fiancée ; comme elle m’avait fait une scène au téléphone. Ne vous mettez pas dans tous vos états. Laissez-moi finir et vous comprendrez.
Je savais qu’elle aimait tout ce qui était « chic et classe », donc j’ai opté pour un resto Italien de la banlieue : lumière tamisée, des bougies et des pétales de roses décoraient les tables, de la musique digne d’un Buddha Bar, bref tous les ingrédients étaient réunis pour réussir cette soirée. Notre première.
Tout au long du trajet, elle n’arrêtait pas de parler, comme si elle avait peur que le silence ne s’installe entre nous, et là on devrait passer à l’essentiel ; mais moi, je ne faisais que contempler son visage, ses jambes, qu’elle couvrait avec son sac, ses mains bien entretenues. Parfois, je me tournais vers elle pour lui répondre, et d’autres fois, je la regardais s’affairer à travers le rétroviseur. Parfois aussi, ma main effleurait la sienne quand je devais changer de vitesse. Et c’est tout mon corps qui frétillait au contact de sa peau. Son téléphone n’a pas arrêté de sonner, ça coupait court à mes pensées, et j’étais tenté, maintes fois, de le balancer par la fenêtre, rien que pour l’avoir pour moi tout seul, uniquement à moi. Donc, je me suis retenu encore une fois, après tout, c’était une fille active, et on doit sûrement avoir besoin d’elle, pour l’appeler aussi souvent, même en weekend.
Arrivés au restaurant, je fis mon galant, en lui ouvrant la portière. Elle fut surprise par mon geste.
-          Je ne suis pas un goujat mademoiselle, me moquai-je. Je sais comment doit être traité une lady.
-          Espérons que ce ne soit pas la première et la dernière fois alors !
Et nous rîmes un bon coup. Elle était si bonne vivante, si rayonnante, qu’elle chamboula toute ma vie en un clin d’œil. Elle balaya toutes mes certitudes, tous mes plans… Je commençais enfin à penser à la stabilité, à avoir une vie rangée. Je croyais avoir trouvé la bonne personne, quand elle fit son apparition.
Cela a commencé par une simple discussion à propos de musique, de tout et de rien, jusqu’au jour où j’ai lu un de ses textes, et là, j’étais abasourdi. Je suis tombé sous le charme. Je découvrais les « dessous » de cette personne que j’avais à l’autre bout de mon écran. En fin de compte, elle n’était pas seulement un contact de ma liste de MSN. Pas seulement une fille avec laquelle on s’amuse bien. Elle avait une âme. L’une des plus belles âmes, et les plus intrigantes même.
Je me surpris à chercher ses articles, à dévorer son blog, à penser sans cesse à elle. Je voulais la connaître encore plus. Certains préfèrent se noyer dans des regards, moi c’est dans ses textes que je le faisais. Nos discussions devinrent de plus en plus fréquentes, et plus profondes aussi. C’est là que je compris qu’une âme sœur ça pouvait exister. Elle me comprenait sans que je n’aie rien à dire. Elle connaissait mes faiblesses. Elle savait comment me torturer, sur quel bouton appuyer pour me faire sortir de mes gonds. Et je suis sûr qu’elle le faisait exprès rien que pour voir mes limites. Elle savait m’énerver et après me redonner le sourire, et moi, comme un faible, je craquais.
Accoudée à cette table, elle me parlait de son nouveau projet. Elle était enthousiaste. Elle aimait être entourée, et on le lui rendait bien. Elle était souvent sollicitée pour former des jeunes, les superviser, les aider dans des projets, participer à des colloques, etc. Et moi, j’étais jaloux. Ils avaient la chance de la côtoyer dans la vie de tous les jours, alors que moi, j’étais à des milliers de kilomètres à attendre son retour le soir, rien que pour discuter avec elle quelques minutes, et après m’endormir, la tête pleine de rêves et d’espoirs. D’ailleurs, plusieurs mâles dans ce restaurant n’arrêtaient pas de la regarder ou même de suivre des bribes de notre conversation. Elle les a hypnotisés. Elle m’a hypnotisé.
Il était minuit passé, quand nous décidâmes de reprendre la route. Je lui avais promis une soirée jusqu’au bout de la nuit, donc je roulais sans savoir où j’allais. Je pris la première bretelle d’autoroute et appuyai sur l’accélérateur. Durant le dîner, elle avait bu du vin, ce qui la rendit d’humeur coquine, et elle n’arrêtait pas de me caresser la cuisse, ou passer sa main sur mon torse. Chaque fois qu’elle le faisait, des flammes jaillissaient de mes entrailles.
-          Dis ! S’il n’y avait pas ta copine, tu crois que ça aurait pu marcher entre nous ? Serions-nous ici, en ce moment précis, à se désirer, à se chercher ? Tu te serais rendu compte de mon existence ?
Là, elle me posait une colle. Je ne saurais jamais répondre à cette question. Elle comprit mon hésitation, et détourna la tête vers la vitre. Je ne sus comment changer de sujet, donc je me tus.
Il faisait si noir dehors, et si froid qu’elle commença à grelotter.
-          Tu veux que j’augmente le chauffage ? demandais-je.
-          Non, je préfère qu’on rentre. Allons chez toi, me lança-t-elle en me caressant la main.
J’allumais cigarette sur cigarette. Je ne savais pas ce qu’elle me réservait, et je ne voulais pas la bousculer. Je rêvais de notre premier câlin, notre premier baiser, long et passionné, ou peut être ce sera tendre et affectueux, et là, je le lui dirais. Je lui dirais plein de mots d’amour. Tout ce que je n’ai pas pu lui dire durant ces derniers mois, tout ce qu’elle m’a interdit de prononcer. Et puis, ... Et puis, je ne sais pas. Faudrait que j’arrête de supposer.

lundi 26 octobre 2009

La Stagiaire [1]



1
Elle déposa son plateau devant elle, face à la grande baie vitrée, puis attaqua sa salade césar. Juste à la table derrière elle, lui aussi s’installa avec ses deux collègues de bureau. Ils faisaient tellement de chahut ce jour-là, que certains leur lançaient des regards sévères. Mais eux, ils étaient tout excités, et ne prêtèrent guère attention à la gêne qu’ils avaient causée. Ils étaient plutôt beaux gosses. Chacun à sa façon. Bien habillés. Visages rayonnants. L’un d’eux avait le teint bronzé comme s’il venait de revenir des Caraïbes.
- Tu l’as vu ??? ça c’est de la bonne ! Enfin, ils daignent nous ramener un truc de qualité !
- Arrête ! on ne dit pas « truc » ; c’est un être humain après tout.
- Bon, bon on a compris Mr. le féministe. Mais franchement avoue que sous ses faux air de sainte-nitouche, y’a de la bonne… Aie aie, rien qu’en y pensant, j’ai mal au manche !
- Vous allez arrêter ou pas ??? Baissez d’un ton au moins.
- Okey, mais dis nous au moins tu pense quoi de la petite ?
- Hey, elle n’est pas si petite que ça. T’as vu ses jambes ??? Adriana Karembeu devrait aller se rhabiller.
- On peut changer de sujet ou pas ? Vous avez la langue qui pend devant cette fille. Oui, elle à l’air d’être bien foutue, mais ça n’empêche que vous serez collègues dorénavant, donc un peu de retenue serait le bienvenu.
- Dis-nous qu’elle est bonne, et on te laissera.

Elle suivait leur conversation en silence, en essayant de ne pas attirer l’attention sur elle. Personne ne vint s’installer à sa table à elle. Tout le monde voulait fuir le bruit que faisait ces trois garçons, mais elle, il semblait ne pas l’atteindre. Elle finissait son repas en pensant à cette journée. Elle était impatiente que cela finisse afin de rejoindre sa meilleure amie au Dolce et lui raconter tous les détails. Le coup de fil, l’entretien, le patron un peu trop entreprenant, et lui, si galant, si attentionné… Bref, tout.
Elle n’était pas d’une beauté criarde, mais on lui avait souvent dit qu’elle avait un sourire à croquer. Pour cette journée, elle avait opté pour un tailleur beige avec des rayures. Sobre, mais élégant, qui lui donna un teint rayonnant. C’était sa journée après tout. Elle rattacha ses longs cheveux bouclés en pensant à la séance chouchoutage que lui avait offerte Dora un jour avant. « Tu dois te sentir au summum de ta beauté demain. On ne sait jamais. Peut être tu trouveras ton prince charmant parmi les centaines de banquiers qui travailleront avec toi ». A vrai dire, depuis que Dora s’est fiancée avec son amoureux de cinq ans, elle n’arrête pas d’essayer de la caser. Même sa mère n’en fait pas autant. Elle a 24ans, et alors ? Ce n’est pas la fin du monde. Elle a encore du temps devant elle pour rencontrer, sortir, rompre, pleurer et re-sortir.

- Si je n’avais pas Maysa, je te jure que je ne l’aurais pas raté.
- Et depuis quand Maysa était un obstacle pour toi ? T’as oublié les soirées de célibataire que tu t’offrais à chaque fois qu’on sortait ?
- La vodka à 250dt devant toi sur la table, entourée d’une brochette de filles, pendant que monsieur faisait sa sélection, selon la superficie du vêtement et les balancements du bassin.
- Bon arrêtez, Maysa et moi, on va se fiancer.
- Quoi ?????
- C’est une fille bien. Félicitations Khalil.
- Tu l’encourages toi ??? Tu sais très bien que tu vas devoir mettre un terme à toute activité en dehors de ta Maysa ! Après, ce sera le mariage, les biberons, les couches, la belle-famille, etc.
- C’est Maysa qui le voulait, tu dois me comprendre Sami. Je n’ai pas envie de la perdre.
- Alors, tu ne veux pas tenter ta chance avec la nouvelle ?
- L’offre est alléchante, mais cette fois-ci, ce sera non.
- Alors y’en aura plus pour moi et Sabri, n’est ce pas Sabri ?
- C’est dégoûtant ce que tu fais, on va tout de même pas se partager une tarte aux pommes !
Son téléphone sonna, et elle se leva brusquement. Un reflexe qu’elle a gardé à chaque fois qu’il l’appelait. Mais cette fois-ci elle ne va pas répondre. C’était la pause-déjeuner, et elle n’avait aucune envie qu’on vienne la lui gâcher. N’empêche qu’elle avait fini, et pensait faire un peu de marche avant de rejoindre son bureau. D’ailleurs, elle devrait penser à s’acheter une de ces peintures modernistes, qu’elle mettra bien en valeur par dessus sa tête. Dans son élan, sa chaise heurta celle de la personne derrière elle, qui n’était autre que lui. Ils se regardèrent, elle, avec un regard gêné, lui avec les yeux tout illuminés. Elle se retourna, prit son sac hâtivement, puis déguerpit.
- C’est elle, mon Dieu, c’est elle ! Ne me dites pas qu’elle a tout entendu de la conversation ???
- Oui, c’est elle, la nouvelle, lança Sami avec un sourire plus que ravi.


dimanche 25 octobre 2009

C'est Quoi L'Amour ?


Un jour, un prof nous avait dit à ce propos : « La réponse à cette question est la même qu’à celle de c’est quoi la vie ? ; on est en plein dedans, mais en réalité, on sait pas ce que c’est. La vie, on la vit, point. L’amour aussi. »

Je ne vais pas vous ennuyer avec mes souvenirs de cours. On va faire simple. J’ai posé la question aux personnes de mon âge, et la réponse fut : « L’amour c’est quand tu n’as d’yeux que pour la personne aimée, le seul et unique objet de ton désir, tu es malheureux quand elle n’est pas là, et aux anges quand elle est à tes côtés… c’est cette personne pour qui tu es prêt à sacrifier ta famille, tes amis, ta propre vie… ». Je n’ai jamais aimé cette réponse moi. Je n’ai jamais voulu laisser tomber mes ambitions ou quoi que ce soit, donc si je suis cette logique, je n’ai jamais été amoureuse.

D’autres m’ont dit qu’être amoureux, c’est sentir de l’affection, vouloir donner sans recevoir, vouloir consacrer du temps au bonheur de l’autre…Mais là aussi y’a problème : ça veut dire que je suis amoureuse de TOUS mes amis. Eux, ils comptent pour moi, et je me donnerais à fond pour eux, même aux dépens de ma vie.

Sinon, y’a le modèle de nos parents (enfin, ceux qui ont réussi à rester ensemble). Pour eux, il s’agit de l’habitude, ou plus exactement la routine. Ils ont appris à cohabiter ensemble, à faire avec les aléas de la vie, et qui avec le temps finissent par délaisser leur vie intime ; ce que nous les « jeunes », on acceptera jamais de sacrifier, (je me demande si ce n’est pas pour ça que selon « certains » sondages, la Tunisie est classée parmi les premiers pays pour son taux de divorce).

Pour ma part, je ne saurais vous répondre. Dans ma vie, la flamme s’est toujours allumée pour vite s’éteindre. Et les critères du partenaire idéal varient de jour en jour. Parfois, je me dis que ce serait la personne qui, quand je lui dirais « je veux adopter », ne me rira pas au nez, ou peut être celle avec qui je partagerais de longues discussions intellectuelles autour d’un bon verre et jusqu’au bout de la nuit, ou encore celle qui saura me calmer quand je pique une crise, celle pour qui les coups de fil ne seront pas une corvée, dont elle veut se débarrasser au plus vite, celle qui n’aura pas peur de me montrer des signes d’affection en public.

Bref, une personne qui saura combler ce vide…